Sauvons la tortue ÉMYDE lépreuse !

L’Émyde lépreuse est une tortue aquatique typique des zones humides du bassin méditerranéen où elle affectionne particulièrement les oueds. Elle a pour nom latin Mauremys leprosa. 

Contrairement à ce que son nom pourrait faire croire, elle ne porte pas la lèpre. Le premier à décrire l’espèce est le naturaliste allemand August Friedrich Schweigger, en 1812, dans Prodromus Monographiae Chelonioru. L’individu qu’il décrit possède de petites saillies bossues sur les écailles de la dossière qui rappellent les nodules causés par la lèpre. C’est pour cela que cette tortue porte ce nom. 

Elle est la tortue la plus localisée, la plus rare et la plus menacée de France. Présente seulement dans les départements des Pyrénées-Orientales, de l’Hérault et de l’Aude, elle est intégralement protégée à l’échelle nationale. (Arrêté du 8 janvier 

Tortue lepreuse

Émyde lépreuse (Mauremys leprosa) – Fred LAVAIL

2021 fixant la liste des amphibiens et des reptiles représentés sur le territoire métropolitain protégés sur l’ensemble du territoire national et les modalités de leur protection). Son statut précaire mérite toute notre attention et le redoublement de nos efforts pour la protéger. 

NOS OBJECTIFS

  • Construire la station d’élevage et d’étude pour mener des réintroductions et des études scientifiques.
  • Produire un documentaire vidéo avec Fred LAVAIL sur la création de la station d’élevage ainsi que la situation de l’Émyde lépreuse en France. Fred LAVAIL est un photographe et vidéaste animalier qui a déjà réalisé 7 documentaires sur les tortues. Lors de la sortie du documentaire consacré à l’Émyde lépreuse, une exposition photographique verra aussi le jour.

  • Ecrire un livre référence à partir du fonds documentaire sur l’Émyde lépreuse. Il s’agira de rédiger la première monographie sur l’Émyde lépreuse qui viendra combler un vide important. Ce livre fera la synthèse de toutes les connaissances acquises à l’heure actuelle sur l’espèce.
tortue lépreuse tête hors de l'eau

Émyde lépreuse à la surface de l’eau – Pierre FITA

tortue lépreuse en insolation

Émyde lépreuse à la surface de l’eau – Pierre FITA

  • Développer le fonds documentaire : plus d’un millier d’articles sur l’Émyde lépreuse ont été compilés dans une banque de données inédite. Cette banque de donnée sera à disposition des chercheurs, des naturalistes et de toutes les personnes impliquées dans la conservation de l’Émyde lépreuse. 
  • Créer une bande dessinée et un dessin animé qui s’adresseront aux plus jeunes, pour les sensibiliser, et qui aborderont la vie, les mœurs et les menaces sur l’Émyde lépreuse. 

L’HISTOIRE NATURELLE DE L’ÉMYDE LÉPREUSE

C’est une espèce commune au Maghreb et dans la péninsule ibérique. Mauremys leprosa saharica, n’est présence qu’en Afrique le long de la chaîne de l’Atlas. Mauremys leprosa leprosa est aussi présente au Maroc au Nord de l’Atlas ainsi que dans la péninsule ibérique et en France le long de les côtes Vermeille et d’Améthyste. 

Il ne reste plus que quelques populations relictuelles dans les Pyrénées-Orientales, l’Hérault et l’Aude, réminiscence d’une présence jusqu’au Rhône dans le passé. 

L’émyde lépreuse est une tortue de taille moyenne, à l’âge adulte elle fait entre 12 et 25 cm de longueur en moyenne et entre 1 à 2 kg. Les femelles sont plus grandes et grosses que les mâles. 

Chez les adultes, la dossière est généralement d’une couleur uniforme tirant du vert olive au brun foncé. Tandis que pour les juvéniles, des taches orangées sont présentes au centre des écailles. Les parties du corps peuvent être striées de motifs clairs en arabesque, de couleur jaune à l’orange. Les juvéniles ont généralement des couleurs plus vives tandis que chez les adultes la couleur s’estompe. 

 L’émyde lépreuse est très discrète dans le milieu naturel, elle fréquente une grande variété de milieux, des cours d’eau torrentueux aux plans d’eaux stagnants. L’eau peut être claire tout comme turbide, voire polluée, ce qu’elle supporte très bien. 

Elle se nourrit de tout, que ce soit d’algues ou de plantes des berges aux animaux comme des insectes, mollusques ou des petits vertébrés tel des poissons ou amphibiens. C’est aussi un charognard, elle est parfois décrite comme une éboueuse de son milieu. 

L’émyde lépreuse est fortement prédatée lors de ses premières années. Ses nids sont très souvent pillés par des mammifères (du rat au blaireau). Les juvéniles sont chassés par ces mammifères ainsi que par de grands oiseaux comme les échassiers ou les rapaces et par des poissons comme le brochet. Une fois le stade adulte atteint, les individus sont relativement préservés des attaques de prédateurs grâce à leur carapace et à leur taille. Cependant, ils peuvent être la proie de loutres ou de rapaces. 

La principale menace est pour l’émyde lépreuse est la destruction et la fragmentation de ses habitats ainsi que la destruction directe d’individus à cause des activités anthropogènes.  

 L’introduction d’espèces exogènes comme les trachémydes (tortues dites de Floride) qui rentrent en compétition avec l’émyde lépreuse et peut la forcer à se déplacer dans des secteurs moins favorables. Ces espèces exotiques peuvent aussi représenter un risque sanitaire en introduisant parasites et pathologies. L’introduction d’espèces exotiques comme Mauremys sinensis ou Mauremys reevesii représente aussi une menace car ces tortues du même genre que l’Émyde lépreuse peuvent s’hybrider avec elle, créant une pollution génétique. 

Enfin le risque climatique menace aussi la survie de l’espèce à cause des catastrophes naturelles.  

 En France, c’est une espèce très menacée, son aire d’occupation totale est inférieure à 100 km² et ses effectifs sont estimés à moins de 1000 individus. Les populations connues sont fortement fragmentées. Toutes les menaces précédemment citées sont d’autant plus fortes en France vu ses très faibles effectifs qui font de cette espèce la tortue la plus menacée de France.  

La première des actions pour la conservation de l’espèce est son étude et l’accumulation des connaissances. Il ne peut pas y avoir de mesures de conservation sans connaitre les besoins et les exigences de l’espèce. C’est l’un des axes de travails principaux du Plan National d’Actions en faveur de l’émyde lépreuse. Ce plan coordonne les actions pour la préservation de cette espèce en France, il est mené par le Conservatoire des Espaces naturels d’Occitanie et par la DREAL Occitanie. 

L’un des moyens les plus efficaces pour sa conservation est la préservation et la protection de ses milieux de vie. Cela nécessite ainsi la création de réseaux d’espaces protégés à partir des zones de vie de l’émyde lépreuse et de zones potentielles qu’elle pourrait coloniser. Ces espaces protégés doivent ainsi être géré en faveur de l’espèce avec différents aménagements.  

 La réintroduction et / ou les renforcements de population sont aussi une stratégie de conservation pertinente afin de restaurer des populations disparues ou en difficulté. C’est une stratégie adoptée par le Refuge des Tortues dans le cadre du Plan National d’Action et sur laquelle nous travaillons conjointement avec nos partenaires. La faisabilité d’un tel programme nécessite la prise en compte de nombreux facteurs qui sont actuellement à l’étude.   

Pour limiter la présence des tortues exotiques envahissantes, la communication avec le grand public est primordiale. Cela passe par l’information et la sensibilisation sur les responsabilités et devoirs liés à l’acquisition de tortues.  

Il est aussi important de communiquer sur l’existence de l’émyde lépreuse auprès des habitants que ce soit à travers des documents papiers, documentaires, opérations de sensibilisations dans les écoles, etc. Telle l’expression « loin des yeux, loin du cœur », personne ne se mobilisera pour une espèce dont il n’est pas au courant de son existence. 

L’ACTION DU REFUGE DES TORTUES

Jérôme MARAN et l’Émyde lépreuse  

Jérôme Maran est investi depuis son adolescence pour la protection de l’Émyde lépreuse. Il a participé, à 17 ans, à une campagne d’étude des amphibiens et reptiles au Maroc où il s’intéresse particulièrement à cette espèce. Lors de ses 20 ans, il réalise plusieurs voyages en Espagne, au Portugal et au Maroc pour accroitre ses connaissances sur cette tortue.  

Au cours d’un voyage au Maroc, il observe des Émydes lépreuses avec une caractéristique singulière, des yeux bleus. Il organise une nouvelle expédition intitulée « à la recherche de la tortue aux yeux bleus » qui vise à recueillir davantage de données sur ces tortues peuplant les oasis sahariennes du Maroc. Plusieurs articles scientifiques et pour le grand public ont été rédigés sur cette découverte.  

Jérome Maran a Banyuls

Jérome Maran à Banyuls, 1994

Jérome Maran au Maroc

Jérome Maran au Maroc, 1991

À 21 ans, il réussit à obtenir plusieurs bourses pour étudier une population d’Émyde lépreuse en France. Il publiera plusieurs articles sur cette population pour la faire connaître et alerter l’opinion scientifique et publique sur l’état très précaire dans laquelle elle est.

Depuis 2006, il a créé l’Association du Refuge des Tortues dans le but de construire et de gérer un centre d’accueil pour tortues. Les travaux ont commencé en 2014 et depuis le Refuge des Tortues ne fait que s’agrandir d’années en années.

Une station d’élevage et d’étude pour l’Émyde lépreuse 

La volonté de créer une station d’élevage consacrée à l’Émyde lépreuse pour mener à bien des réintroductions / renforcements de populations découle de plusieurs constats :

-Le Refuge récupère de nombreuses Émydes issues d’abandons, dons, saisies chaque année. Ces animaux sont des géniteurs potentiels pour un élevage conservatoire qui permettrait de reproduire et étudier cette espèce encore méconnue. 

-L’Émyde lépreuse est sur la liste rouge des reptiles les plus menacés de France (UICN). Son statut de conservation est considéré comme vulnérable. Environ moins de 1000 individus persistent en France, les populations restent menacées et fragmentées. Comme le prouvent les nombreux fossiles, l’Émyde fut un temps répartie sur tout le pourtour méditerranéen jusqu’au Rhône. L’espèce a donc connu une importante réduction de ses effectifs au fil des années et subit encore une forte pression : destruction des habitats, pollution, catastrophe climatique…

Les travaux pour la station d’élevage à l’automne 2022 – Fred LAVAIL

La station d’élevage et d’étude en travaux en novembre 2022 – Fred LAVAIL

Confronté à cette situation, le Refuge des Tortues de Bessières a engagé une réflexion avec ses plus proches partenaires de manière à trouver une issue favorable pour ces tortues. L’idée de créer la première station d’élevage de l’Émyde lépreuse est ainsi née. 

Le rôle du Refuge des Tortues sera de gérer l’élevage des Émydes lépreuses. Les opérations de réintroductions seront pilotées par les coordinateurs du Plan National d’Actions en faveur de l’Émyde lépreuse (PNA) et bénéficieront d’un suivi scientifique.  

Les actions du Refuge des Tortues viendront en appui aux efforts réalisés en faveur de cette espèce depuis des années par les initiateurs du PNA en allant toujours dans le sens de la politique existante. Les travaux pour la station d’élevage sont en cours et seront terminés en 2023. Nous sommes toujours à la recherche de financements pour finir les travaux.  

ENGAGEZ vous pour L’ESPÈCE !

  • Adhérez à notre association pour suivre au plus près nos actions en faveur des tortues et de l’Émyde (pass annuel nominatif pour visiter le Refuge inclus).

  • Contribuez financièrement à nous soutenir via notre cagnotte ou toute autre donation (legs, dons…). Même les donations les plus petites sont utiles ! 
    L’Association du Refuge des Tortues est reconnue d’intérêt général depuis le 19 décembre 2017. Chaque donateur bénéficie d’une réduction d’impôt dont le montant est égal à 66% des sommes versées dans la limite de 20% de son revenu imposable. Si vous donnez 100 € à l’Association du Refuge des Tortues vous obtiendrez 66 € de réduction d’impôt et cela ne vous coûtera réellement que 34 €. Sur simple demande, nous vous transmettrons un reçu fiscal.
     
  • Devenez bénévole ! Chacun peut y trouver son rôle et son utilité : venir une heure, une journée ou un week-end, tout est possible pour aider les tortues du Refuge. Il suffit pour cela de nous proposer vos services.

N’hésitez pas à nous contacter. 

LE PROJET EN VIDÉO

NOS PARTENAIRES

Merci à tous nos partenaires pour leur soutien !  

Si vous souhaitez rejoindre l’aventure ou nous soutenir de différentes façons (financement, donations, bénévolat, mécénat de compétences), merci de nous contacter à refugedestortues@gmail.com ou au 05 32 53 67 35 

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